La marche dans les traditions spirituelles

 Les grands maîtres spirituels ont souvent aussi été de grands marcheurs (Christ, Mahomet, Bouddha, Lao Tseu, Gandhi). Dans les traditions spirituelles, la marche fait généralement partie intégrante des pratiques méditatives.
Marcher est un exercice spirituel, cela permet une transformation intérieure. Cependant pour que la transformation s’opère, il faut qu’il y ai de la conscience dans la marche, et que la marche dure un certain temps. De 20mn (extrême minimum!) à au moins 3 heures pour obtenir un vrai changement d’état de conscience, jusqu’à plusieurs jours pour rentrer dans une transformation plus profonde.
J’ai pus expérimenter à maints reprise sur moi et sur les voyageurs que j’accompagnai ce phénomène de transformation intérieur par la marche, souvent magnifié aussi par l’altitude des sommets accomplis. Voyons combien les techniques liées à la marche sont nombreuses dans de multiples traditions spirituelles sur la planète..

Bouddha à traversé l’Inde de nombreuses fois au cours de ses 80 ans d’enseignement de sa doctrine. Dan le bouddhisme la marche est resté une constante. Une pratique souvent maintenue par l’école theravada est de marcher quotidiennement jusqu’aux villages alentours, pour demander l’aumône de l’unique repas de la journée. Cette école à développé de nombreuses pratiques de marche méditatives.

 

Au Monastère de la Grande Chartreuse les moines, qui ont fait vœu de silence, marchent dans la forêt pour méditer et s’harmoniser. On t’ils besoin de cette communication avec les végétaux, à défaut des animaux/humains ? Les compagnons du tour de France -dont les traditions sont originellement issues de l’ésotérisme chrétien- témoignent de cette pratique d’aller sur de multiples sites sacrés afin de raffiner leur art et leur intériorité, dont le développement techniques va de pair avec un développement spirituel ou « éthique » en terme contemporain. Les pèlerinages, comme Compostelle, était des voies de transformation qui nécessitait tout un trajet, pendant des mois. Le but final de Compostelle n’étant que la culmination, permettant de passer à une nouvelle étape, un nouveau soi.

 

Les indiens Khogis qui maintiennent des traditions spirituelles amazonienne probablement très anciennes, marchent tout le temps par nécessité, mais aussi comme pratique spirituelle.

Les Aborigènes d’Australie maintiennent par des visualisations et des peintures, les sentiers que les Anciens ont empruntés pour manifester leurs terres, d’après eux il y a 65 000 ans. Ils appellent cette création des « chemins originels », le temps du rêve, qui est au cœur de leur vison du monde.

 

Les monastères tibétains utilisaient des techniques de mise en transe pour marcher/courir sans discontinuer en altitude, afin de communiquer entre monastère sur de longues distances, en des temps records. Seuls des moines avec une pratique avancée étaient capable de réaliser ces exploits.

Dans certaines pratiques tibétaines tantriques, le disciple pour parfaire son illumination doit aller voir 108 sites sacrés et places de pouvoirs. J’ai trouvé une carte de ces sites, qui sont parfois distant de plusieurs milliers de kilomètres en pleine chaîne himalayenne, dispersé entre le Tibet et le Pakistan ! J’ai été pratiqué sur plusieurs de ces sites, avec souvent des expériences inoubliables et transformatrices, pas nécessairement par « l’extase » réalisée sur place, mais par le nombre « de galères » lors du voyage qui m’ont permis un certain nombre de réalisations : que je m’attachai à certaines choses futiles par exemple, déclenchant ainsi une transformation intérieure durable.

 

Les moines errants dans les traditions spirituelles étaient souvent plus des mystiques que des religieux. Il s’opposent souvent, dans les traditions, aux moines monastiques qui sont plus formels et maintiennent un « ordre ».

Certains moines taoïstes erraient sans monastère fixe, ce qui leurs permettait de vivre leurs vie spirituelle loin de touts dogmes, ou lourdeurs rituelles.

Les moines de la forêt thaïlandais sont issus d’un maître bouddhiste du 19eme siècle qui erraient de grotte en grotte pour ne pas avoir à vivre les interruptions de sa médiation par la routine des monastères. Leurs pratiques incluent notamment une bonne douzaine de type de marche méditative.

Dans l’hindouisme, certains Sadhu (renonciants) sont des moines errants, se déplaçant pour développer leurs pouvoirs spirituels au sein des lieux sacrés. En Himalaya, j’en ai vu marcher des mois avec une simple couverture, faisant l’aumône pour manger quand cela se présentait, avec une détermination et une foi inébranlable dans le fait que la vie leur apportera toujours ce qu’il leur faut. Je me suis souvent senti fragile avec mes habitudes confortable d’occidental, auprès de ces hommes qui puisait leur force dans un abandon profond dans le flux de vie.

Le bouddhisme Vajrayana tibétain est issu de moines bouddhistes indiens qui, vagabondant à travers l’Himalaya, ont crée un syncrétisme entre les traditions tantrique cachemirienne et chamanisme Bön. Ce qui a donné lieu à la branche d’origine des « nyingmapa », consacrés essentiellement aux pratiques ésotériques.

J’ai pus croiser ces ermites vagabond, au longues « dreadlocks » nattées en imposante coiffe. Leur corps habitués aux rigueurs d’une vie dans les grottes d’altitude. J’ai eu la chance d’assister à un grand rassemblement de leur école au monastère de Lamayuru au Ladakh. Je me souviendrai toujours du niveau d’énergie dans la grande salle du temple. J’avais l’impression que je devais faire attention à la moindre de mes pensées, au risque de me faire transpercer du regard par un de ces êtres dont la puissance psychique me dépassait complètement. Les regards que j’ai pus croiser me traversaient littéralement pour voir mon âme à nu. Ces Yogis ne ressemblait en rien aux moines sédentaires des monastères. Outre leurs pratiques ésotériques avancés, leur forces venaient manifestement aussi de la confrontation permanente à la puissance des éléments en haute altitude, et de leur vie en déplacement régulier.

On voit que les pratiques spirituelles liées à la marche sont extrêmement ancienne, tant comme mode de vie qui amène une certaine spiritualité, que comme techniques spirituelles spécifiques.

Ces derniers siècles de traversé de désert spirituel en occident, nous ont fait perdre de vue l’intérêt de ces pratiques. Cependant depuis les années 70 ou l’homme occidental cherche ses racines spirituelle, on voit le pèlerinage revenir comme une retraite, un retour à soi, comme c’est le cas sur « les chemins de Compostelle ». Intuitivement ne chercherions nous pas à retrouver les chemins de la spiritualité qui continuent d’exister, bien qu’à l’état de vague sente, aujourd’hui ?

 
Antoine Epiphani

 


 

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